La vie où la mort ?
Comment j’ai voulu faire bien !
Avant d’arriver à prendre mon clavier pour pouvoir m’exprimer, cela passe par une grande incompréhension. Je prends le soin tout au long des lignes qui vont suivre de vous dévoiler mon profond mal être.
- Tomber… se relever ! Est l’histoire de toute ma vie…
- Comment suis-je tombé ?
- Comment je me suis relevé ?
Deux questions qui resteront à jamais sans réponses, ce que j’ai retenu est que les humains nous montrent parfois leur meilleur tout comme leur pire visage.
Tout commence par une journée du 24 février à Paris, où je vis tout au début de mon enfance. Une enfance mouvementée notamment par plusieurs déménagements consécutifs.
Nous vivions à cinq dans un petit appartement de deux pièces, moi, mon grand frère, ma grand-mère, ma mère et mon père.
Une situation bien trop oppressante pour tous qui en découlera sur le divorce de mes parents.
Un choix s’impose à moi.
Je reste vivre avec ma mère ? Où avec mon père, mon frère et ma grand-mère ?
Mon premier traumatisme celui de devoir me séparer de mon frère.
Ma mère pleine de courage à su reconstruire sa vie avec moi, sans parler des sacrifices.
Je vois très régulièrement mon frère qui m’initie aux premières bêtises.
De mes sept ans, toujours appliqué à l’école, mon destin va basculer et ma vie aussi.
Un jour, ma mère découvre mon beau-père à me tripoter le sexe, je ne sais pas combien de fois cela est arrivé, ce que je sais est que ma mère lui a demander de quitter la maison sur le champ.
Un traumatisme n’arrive jamais seul, mon frère est un jeune adolescent, il m’enferme dans la chambre et m’oblige à lui faire des fellations. Lorsque j’ai son sexe dans ma bouche ça me donne envie de vomir. Je n’ai pas conscience de ce qui m'arrive, il me demande de me taire, il me menace, je reste dans le silence... je continue à subir... me taire encore et encore...
Cela dure un certain temps où je ne puis rien faire pour me défendre.
- A quoi peut ressembler une vie si l’enfant qui est en moi est blessé dans sa chair et ses entrailles ?
Je me construis et je me détruis dans le silence de mes maux …
Quelques années plus tard, je suis terrassé par le décès de mon père dans mes bras. Un choc traumatique, réveille toujours un autre...
A partir de ce moment-là, je ne me reconnais plus, c’est la décente aux enfers.
Je plonge dans l’inquiétude, la paranoïa, l’agressivité. La colère et la révolte m’habitent, j’en veux à la terre entière et je détruis ma mère.
Je suis à fond dans l’auto sabotage et je me détruis, je plonge dans la consommation de drogues de toutes sortes et l’alcool, je n’arrive pas à garder un travail et je change sans cesse de domicile.
Je continue à ce train-là et plusieurs années passent sans que je les voie passer.
Je pars souvent pensant que m’enfuir va régler tous mes soucis. Je me cherche, mais je n’arrive pas à trouver ce qui manque ou ce qui cloche.
A mon retour, ma mère est toujours là pour m’accueillir malgré tout le mal que je lui fais endurer, elle est impuissante.
J’ose enfin lui raconter mes abus sexuels dont j’étais victime quelques années auparavant.
Elle s’effondre.
Mon médecin de famille pointe pour la première fois ma consommation excessive d’alcool et les drogues et me recommande de faire une thérapie.
Je me dis pourquoi pas, ça ne peut pas me faire de mal. Je rentre en clinique et très vite, j’en sors.
J’aime ma misère, ça n’a aucun sens. Je l’aime tellement que je me trouve des raisons pour être encore plus misérable tout le temps. Je me rappelle plus de ce qui s’est passé dans cette thérapie-là ou dans ces années-là.
Au moment où j’écris ces lignes, j’ai quelques mois d’abstinence. En peu de temps, j’en ai beaucoup appris sur l’alcoolisme, sur cette maladie qui fait des ravages puisqu’elle est parfois très difficile à cerner. J’ai aussi appris qu’il est très difficile de s’en sortir.
Me concernant, je ne m’en suis pas sorti, je replonge.
Je sais à quel point j’ai souffert de ne pas savoir ce qui clochait chez moi et pourquoi.
Aujourd’hui, j’ai trente cinq ans, les images sont toujours présentes dans ma tête, toujours mes traumatismes, toujours mes démons, je vois ma mère à bout de forces.
Nous arrivons au 2 avril 2016, je suis de sortie avec ma mère, nous allons au restaurant, nous passons une très bonne soirée, puis, elle me dépose.
Depuis ce jour là, je ne donne plus de nouvelles à personne, mon corps est trouvé sans vie la nuit du mercredi 6 avril 2016, on m'a assassiné.
Mon frère n’était pas à mon enterrement. Il n’a jamais rien fait pour moi sauf me détruire.
Cette fois je suis tombé mais je ne peux plus jamais me relever…
" Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était et aie confiance en ce qui sera "…
Alain